LES PARASITES GASTRO-INTESTINAUX CHEZ LE CHIEN

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Introduction

Les helminthes et les protozoaires gastro-intestinaux constituent des agents pathogènes d'une grande importance chez les animaux domestiques à l'échelle mondiale. Ces infections, qui peuvent être asymptomatiques (subcliniques) ou entraîner des maladies graves, voire la mort dans les cas extrêmes, nécessitent une gestion attentive. Le contrôle de ces parasites est essentiel non seulement en médecine vétérinaire, mais également en santé publique, car de certaines espèces possèdent un potentiel zoonotique.

Le chien peut héberger une diversité d'espèces parasitaires. Les nématodes (vers ronds) sont parmi les agents gastro-intestinaux les plus couramment détectés.

Nématodes (Helminthes):

Ancylostoma caninum (Ankylostomes) : Cet ankylostome est un ver nuisible qui affecte principalement les chiens domestiques. Les stades pré-adultes et adultes résident dans l'intestin grêle de l'hôte. Ce parasite est préoccupant en raison de son potentiel zoonotique et de sa capacité à causer des pertes de sang significatives.

Toxocara canis (Ascarides) : Considéré comme la principale cause d'helminthiase chez les jeunes animaux, T. canis est d'une grande pertinence pour la santé publique. Ce parasite est caractérisé par une fécondité très élevée. Ses œufs sont robustes et peuvent survivre pendant de longues périodes dans l'environnement, compliquant ainsi son contrôle et le maintien de la propreté des espaces publics.

Trichuris vulpis (Trichures) : Ce parasite fait partie des espèces qui infectent naturellement les chiens.

Protozoaires

Giardia duodenalis : Ce protozoaire est l'un des parasites intestinaux les plus souvent identifiés chez les chiens.

Cystoisospora spp. : Ces parasites Apicomplexa peuvent provoquer des symptômes gastro-intestinaux comme la diarrhée et les vomissements, en particulier chez les jeunes chiens.

Cryptosporidium spp. : Souvent identifié uniquement par des méthodes moléculaires sensibles, ce protozoaire peut être l'agent pathogène prédominant dans certaines populations.

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2. Épidémiologie et Facteurs de Risque

La prévalence des parasites intestinaux varie selon la localisation géographique, les conditions climatiques, les caractéristiques de l'hôte et les pratiques de gestion des animaux.

• Âge : Les jeunes chiens (jusqu'à un an) sont notoirement plus susceptibles aux infections endoparasitaires que les animaux plus âgés. La transmission peut se produire dès les premières semaines de vie par voie transplacentaire ou trans-mammaire, notamment pour Toxocara canis.

• Environnement et Habitat : Les chiens élevés ou logés dans des environnements surpeuplés ou confinés (refuges, élevages) présentent un risque d'infection significativement plus élevé. De même, les chiens ayant un accès libre à l'extérieur sont plus sujets aux infections. Les chiens résidant en grande ville pourraient être davantage infectés en raison d'une densité canine plus élevée et d'une interaction accrue, augmentant ainsi le risque de contamination.

• Alimentation : L'habitude de consommer des produits animaux crus est fortement associée à une prévalence plus élevée de parasites gastro-intestinaux, y compris les cestodes et les protozoaires, par rapport à ceux nourris avec des aliments cuits.

• Sexe et Consistance Fécale : Dans certaines régions, une prévalence significativement plus élevée a été observée chez les femelles. La présence de selles diarrhéiques est également associée à une prévalence significativement plus élevée de parasites gastro-intestinaux.

3. Implications Cliniques

• Les interactions hôte-parasite ne sont pas toujours évidentes, car les infections peuvent être subcliniques.

• Symptômes Gastro-intestinaux : Les signes cliniques peuvent inclure la diarrhée, les vomissements, et un mauvais état général.

• Anémie et Hypoalbuminémie : Des parasites comme A. caninum sont hématophages et peuvent entraîner une perte de sang potentiellement mortelle. Les chiens infectés ont montré des changements subtils mais significatifs dans les analyses sanguines, tels que des taux d'albumine plus faibles (hypoalbuminémie) et un nombre de globules rouges diminué. Ces changements clinico-pathologiques sont souvent liés à l'hémorragie dans le tractus gastro-intestinal.

4. Aspect Zoonotique et Santé Publique

Le potentiel zoonotique des parasites canins est un enjeu majeur. La transmission à l'homme se fait par l'ingestion accidentelle d'œufs infectieux ou par la pénétration cutanée des larves présentes dans les environnements contaminés.

Toxocara canis: Ce parasite est responsable de la Larva migrans viscérale(LMV) et de la Larva migrans oculaire (LMO) chez l'homme. Les symptômes chez les humains peuvent inclure de la fièvre, de la toux ou des douleurs abdominales.

Ancylostoma caninum : Chez l'homme, les larves peuvent pénétrer la peau, provoquant la Larva migrans cutanée (LMC).

• Protozoaires : Giardia duodenalis et Cryptosporidium spp. sont des agents pathogènes pertinents pour la santé publique, certaines souches ayant un potentiel zoonotique.

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5. Stratégies de Prévention et de Contrôle

Le contrôle efficace des parasites repose sur un ensemble de mesures incluant le traitement, le diagnostic précis et l'amélioration de l'hygiène.

5.1. Traitements Anthelminthiques :

◦Efficacité des combinaisons : Des produits combinant des principes actifs comme le Pamoate de Pirantel, le Praziquantel et le Fenbendazole se sont avérés efficaces pour le contrôle des helminthes gastro-intestinaux chez les chiens, y compris Ancylostoma sp., Toxocara spp. et Trichuris vulpis.

◦Adhésion aux recommandations : Le non-respect des recommandations de traitement régulier, qui peut impliquer un traitement jusqu'à douze fois par an pour les chiens les plus exposés, contribue au maintien de la prévalence élevée. Les chiens traités dans le mois précédant le prélèvement présentaient un pourcentage d'infection par les nématodes inférieur à ceux traités plus longtemps avant.

◦Résistance aux médicaments : L'émergence de la résistance aux anti-helmintiques chez A. caninum, due principalement à des mutations génétiques, représente un défi croissant au niveau mondial et compromet les efforts de contrôle.

5.2. Diagnostic complémentaire :

◦Les méthodes traditionnelles comme la flottation fécale peuvent manquer des infections, en particulier pendant la période prépatente.

◦L'utilisation combinée de l'immuno-essai coproantigène (ELISA) et de la flottation par centrifugation augmente la sensibilité de la détection pour les nématodes et Giardia.

5.3. Mesures d'Hygiène:

◦L'une des mesures les plus efficaces pour réduire la contamination environnementale est le ramassage et l'élimination rapide des excréments de chien dans les lieux publics.
◦L'éducation des propriétaires sur les risques zoonotiques est cruciale pour garantir la santé publique.

Références

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